L’homme a-t-il vraiment des limites ?
L’homme a-t-il des limites ?
“Le jour où j’ai atteint ma limite”, tel est le thème du festival “A la croisée des blogs” proposé ce mois-ci par Jérôme, du blog “Changer de vie par l’action”. Jérôme présente le sujet dans son article de lancement de cette édition de juillet, et nous suggère d’apporter notre témoignage.
J’avais défini, dans un précédent article “Le pouvoir transcendant de l’amour”, la notion du dépassement de soi, comme étant le dépassement de ses propres limites, et les 3 types de limites que j’envisageais, physiques, psychologiques, sociales.
Il y a d’ailleurs un paradoxe quand on parle du dépassement de soi, car si on dépasse ses propres limites, c’est que ce ne sont plus des limites, ou bien c’est qu’on repousse les limites au-delà de ce qu’on pensait être les limites.
Encore une fois, ce concept de limites est très lié à nos croyances : on croit, on est persuadé que l’on a des limites infranchissables au-delà desquelles on n’est pas capable d’aller. C’est justement ce qu’on appelle des croyances limitantes.
Tant qu’on a ces croyances limitantes, on a effectivement des limites, on est limité puisqu’on n’essaie même pas de les atteindre.
“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.”
Cette magnifique citation de Mark Twain traduit bien cette étroite relation entre croyance et limite. La première partie de la phrase signifie que les personnages dont parle Mark Twain n’ont pas la croyance limitante pour faire ce qu’ils ont à faire. Elle veut dire aussi que la croyance que “c’était impossible” était la plus répandue dans l’opinion générale, et qu’eux n’étaient pas au courant qu’il existait une telle idée sur la question. La fin de la phrase, sous forme de conséquence logique, dit qu’en réalité c’était bel et bien possible, et que tout le monde s’est trompé sauf eux.
C’est le lot des héros, des génies, d’avoir raison avant et contre toute la société.
On voit que la notion de limite est subjective, propre à chacun de nous, et en fin de compte très fluctuante.
C’est pourquoi, il est difficile de répondre à la question : “quel est le jour où j’ai atteint ma limite ?”
Atteindre sa limite ?
Même si j’ai le sentiment d’avoir un jour atteint ma limite, était-ce vraiment ma limite ? Qui me dit ou qu’est-ce qui me fait encore penser que je suis incapable de la repousser ?
La plupart des gens restent, la plupart du temps, dans ce que l’on appelle leur zone de confort, c’est-à-dire dans une zone où ils sont bien, détendus, en sécurité, confortables. Ils y restent et n’ont aucune envie d’en sortir pour aller explorer l’inconnu et l’inhabituel. Ils sont dans les limites de cette zone qu’ils se créent eux-mêmes.
D’autres aiment vivre dangereusement, prendre des risques, ressentir l’adrénaline et adorent aller jusqu’à ce qu’ils considèrent comme leurs limites, pour tenter de les repousser un peu plus loin à chaque fois.
Quoi qu’il en soit, les limites sont construites par l’individu. Ce sont des barrières virtuelles qui évoluent au fur et à mesure de la vie d’une personne, et qui peuvent être contextuelles.
Je pense que, personnellement, je n’ai jamais atteint ma limite. Ce n’est aucunement de la prétention de ma part. C’est qu’une fois atteint ce que je pensais être ma limite, ce n’est plus une limite, puisque si je l’ai atteinte, je peux la dépasser. D’ailleurs, je me souviens plutôt de supposées limites que j’ai effectivement dépassées.
Dépasser ses limites
Je me rappelle d’une limite psychologique dépassée, à l’hôpital de Grenoble, en réanimation. J’avais 17 ans, j’étais alité et très mal en point. Tous les jours, à la même heure, mes parents venaient me voir, et c’était pour moi un réconfort et un soutien énorme. J’étais très attaché à ces visites quotidiennes, et je guettais l’heure avec une fébrile impatience.
Un beau jour, à l’heure habituelle, personne. Je regardais la trotteuse de l’horloge et commençais à trépigner dans ma tête. Cinq minutes, dix minutes, une demi-heure. Un scénario catastrophe s’amorçait dans mon cerveau, je voyais la voiture de mes parents rater un virage dans la montagne, les secours en hélicoptère, les sirènes des ambulances, et la couleur rouge sang envahir mon imagination…
Je me mis à fondre en pleurs, complètement affolé et désemparé.
Je ne sais plus au bout de combien de temps mes parents sont enfin arrivés, tout sourire, bronzés et en pleine forme. Vraiment soulagé, je leur ai souri, j’ai fait en sorte de cacher mes larmes et de faire bonne figure.
Je ne souhaite à personne de vivre cette horrible douleur. Dans ma situation Je m’étais construit une zone de survie plutôt que de confort avec des contours bien délimités. La moindre velléité de m’en sortir pouvait m’anéantir.
Limite contextuelle
C’est ce que j’entendais par limite contextuelle. Cette limite avait été façonnée par la situation que je vivais.
En ce moment, c’est le Tour de France. J’écoutais l’interview d’un cycliste sur ses chances d’endosser le maillot à pois du meilleur grimpeur. Et, je sentais qu’il n’y croyait pas. Il parlait d’un concurrent qui était très fort et gagnerait probablement cette récompense. C’est sa croyance limitante qui va probablement l’empêcher de gagner. Déjà, au début des courses de montagne, il n’y croit plus, se fixant d’emblée une limite.
Je pense que les vrais champions ont cette capacité de ne pas se fixer à l’avance une limite.
Je réponds donc à la question du titre de cet article.
L’homme a-t-il des limites ?
Non, il a des croyances limitantes
Finalement, la seule limite tangible dans la vie de l’être humain, on peut dire que c’est la mort.
Mais ça, c’est une autre histoire, car selon ceux qui ont vécu des EMI (expériences de mort imminente), et qui n’ont pas cette éventuelle croyance limitante, il semble qu’il y ait quelque chose après.
Et vous, pensez-vous avoir des limites ?
Les avez-vous atteintes, dépassées ?
Merci de laisser votre commentaire.
Bonjour jean,
ton article me rappelle l’époque où je travaillais comme palefrenière dans un centre de propriétaires de chevaux. Au départ il y avait une vingtaine et c’était bien mais la renommée et la beauté du cadre fit que la vingtaine devint trente…Alors là, je décidais de mettre une limite mais chaque fois qu’un nouveau cheval arrivait, je l’acceptais et je me suis retrouvée avec cinquante chevaux! A chaque fois, à petite dose, la limite était repoussée…Bon, je ne cache pas que je suis contente de l’expérience mais également d’en être sortie plus forte!