La Carte N’Est Pas Le Territoire
La Carte N’Est Pas Le Territoire
La Vie Positive relève le défi proposé par Cédric Vimeux du blog Virtuose Marketing. Il consiste à raconter une histoire inspirante relative au thème : “Quand nous sommes certain d’avoir raison.“
Mon histoire est une histoire vraie. Je travaillais comme chercheur. Un collègue japonais était invité dans notre laboratoire pour accompagner plusieurs d’entre nous pendant un an dans nos recherches.
J’aimais bien cet homme, toujours souriant, toujours ponctuel, toujours prêt tel un scout bien de chez nous.
J’ai toujours été passionné par mes activités professionnelles, quelles qu’elles soient, et, avec cet étranger, nous avions tous les deux lié une relation assidue. Nous prenions plaisir à débattre de sujets assez pointus de notre programme, à chercher inlassablement des solutions à certains problèmes épineux.
Nous ne comptions pas nos heures. Quand je prenais la parole pour lui exposer mes idées, il m’écoutait et parfois, il hochait la tête une dizaine de fois d’une manière affirmative, ce qui m’encourageait à poursuivre jusqu’au bout ma démonstration.
Compréhension de mon auditeur
En tant que formateur, j’ai toujours beaucoup apprécié de constater visuellement la compréhension chez mon auditeur. Je me dis que le message passe, que mon expression est suffisamment claire et audible.
De la même façon, quand on discute à deux, on aime bien aussi que son interlocuteur adhère à ses propos, approuve ce qu’on vient de dire. On a l’impression d’être vraiment sur la même longueur d’ondes.
A plus forte raison, quand on parle de sujets un peu ardus, non compréhensibles par le commun des mortels.
Un beau jour, nous sommes encore face à face en train de travailler ensemble sur un contenu, et je m’aperçois que les hochements de tête de mon ami ne s’arrêtent plus. J’interromps mon développement et lui demande de m’écrire la formule mathématique de la fonction que je m’escrime à lui expliquer depuis un quart d’heure.
Incommunicabilité
Et là, je viens de réaliser qu’il n’a rien compris du tout. Il est incapable d’écrire quoi que ce soit, et reste bouche bée, un peu confus dans son mutisme immobile.
Je viens de m’apercevoir que ses hochements répétés arrivent justement quand il ne comprend pas ce que je lui dis, alors que moi, j’étais certain du contraire. Ma réaction très occidentale était de croire que s’il faisait oui de la tête, c’est qu’il était d’accord. Et donc, le fait d’être d’accord suppose qu’il a compris mon propos.
Il est un fait que j’ignorais à l’époque, c’est que les japonais ne disent jamais non. Ils n’aiment pas ça, ils ne veulent pas heurter ou blesser autrui. C’est comme ça, c’est une question de culture.
Sur le moment, je m’en suis voulu de l’avoir mis dans cette situation de malaise, lui qui hochait désespérément la tête, et moi qui mettais tant de temps à comprendre son incompréhension.
La Carte N’Est Pas Le Territoire
Vous ne voyez toujours pas le rapport avec le titre : “La Carte N’Est Pas Le Territoire” ?
J’y viens. Cette phrase d’Alfred Korzyski signifie qu’il y a une différence entre la réalité et la représentation qu’on s’en fait. La métaphore de la cartographie donne une bonne idée de la façon dont nous donnons un sens au monde. La carte n’est pas le territoire qu’elle décrit. Nous tenons compte des aspects du monde qui nous intéressent et ignorons les autres. Cette phrase est aussi un présupposé de la PNL (Programmation NeuroLinguistique).
Chacun d’entre nous a sa carte du monde et s’en construit de nouvelles au fur et à mesure. Aucune carte n’est plus réelle ou vraie qu’une autre. Simplement, pour un contexte donné, certaines cartes sont plus appropriées que d’autres.
Nous percevons la réalité du monde extérieur par nos cinq sens. Mais le monde nous offre une telle richesse d’impressions sensorielles différentes qu’il nous est impossible de tout remarquer. Aussi, nous filtrons la réalité en fonction de nos aptitudes, de notre culture, de nos croyances, de nos intérêts, et de nos préjugés.
Pour assimiler et donner un sens à la réalité extérieure, nous passons toutes les informations à travers trois filtres distincts.
- Le filtre neurologique : toute perception est limitée par les possibilités neurophysiologiques de nos récepteurs sensoriels.
- Le filtre socioculturel : notre culture, transmise en grande partie par notre langage, contribue largement à former, voire déformer les représentations que nous faisons de ce qui a été perçu.
- Le filtre personnel : nous avons tous eu une enfance, un certain type d’éducation dans un milieu donné, des expériences diverses. L’influence de nos parents, l’ambiance familiale, les traumatismes et les routines quotidiennes ont construit notre modèle de la réalité de manière importante.
Histoire franco-japonaise
En l’occurrence, dans mon histoire franco-japonaise, c’est le filtre socioculturel qui a abouti à une incommunicabilité entre nous. La culture japonaise m’était complètement étrangère : le fait que chez eux, on ne dit jamais non, n’était pas intégré dans ma carte du monde. Dans celle de mon collègue étranger, il n’y avait pas le fait qu’un occidental accepte la contradiction et le débat argumenté.
Personne n’a exactement la même carte du monde. Chacun a la sienne, unique. C’est pourquoi, même si nous sommes persuadés d’avoir raison, nous avons tort parce que nous sommes dans l’illusion que l’autre a la même carte que nous.
Vous est-il arrivé de vous trouver dans ce type de situation ?
Avez-vous déjà eu la certitude d’avoir raison et de ne pas réussir à en persuader autrui ?
Que pensez-vous de la métaphore de la carte et du territoire ?
Bonjour Jean
Cela me fait penser à mon dernier apprenti,
Je lui expliquais la méthode. Il me disait qu’il avait compris et 3 semaines plus tard, je m’appercevais qu’il n’avait rien compris à la méthode.
J’ai du me remettre en question. Demander à une personne tierce de m’écouter le former pour voir si mon message était clair.
Pour au final m’apercevoir qu’il avait peur de mal faire.
De ce faite, il disait toujours oui. La peur lui empochait de retenir le concept.
J’ai du passer plus de temps pour lui apprendre les bases.
Je lui demandais de me ré-expliquer avec ses mots, ce que je venais de dire.
Au bout des 2 ans, il a appris que 40% de la formation.
Pour moi ce fut un demi-échec mais il a réussi à avoir son diplôme.
Donc j’ai eu un gros soulagement pour moi et lui.